Choix parmi 3 questions posées par le jury : question 3
This project has many strengths, one of them being a contribution to the emerging field of data physicalization. The field of critical craft studies in relation to scholarship on the senses, on critical heritage, and on materiality may usefully shape the next steps of this doctoral project as well. At this point in your work, please elaborate on how crafting data as you propose may offer broader access to it, may incite different questions about it, may even co-construct its material presentation. Put another way, how might your concept of (dé)montrer challenge notions of artistic presentation, and in what ways can participatory feedback shape the final form of a research-creation project like yours? Finally, how do the histories of particular craft practices, the lived experience of this skilled making, its materiality matter to your overall aims in this project? If not, please explain.
Pour répondre, j’ai choisi de créer une audiodescription du projet Célébration de données molles. C’est une sorte d’ekphrasis avec une emphase sur les sens, particulièrement la tactilité, et sur le processus de recherche-création. Comme je le justifie également à la fin de l’audiodescription, ce texte est pensé dans une volonté d’accessibilité de la (dé-)monstration. Cette approche sensorielle est inspirée par le catalogue d’exposition The Senses qui définit le design sensoriel comme une « opportunité pour chacun·e de recevoir de l’information, explorer le monde, et connaître la joie, l’émerveillement, et les connexions sociales, quelles que soient nos capacités sensorielles » (Lupton et Lipps, 2018, 9). Pour aller jusqu’au bout de ma démarche, ce ne sont pas juste les données ou la salle que je devais rendre accessibles, mais aussi le projet dans son ensemble. Si cette version longue contient par moment des références plus spécialisées, les étapes suivantes en termes d’accessibilité seraient de créer d’autres versions. J’envisage une version à durée et complexité moyenne qui dure entre 10 et 15 minutes, et une dernière très courte et simple de trois à cinq minutes.
Au vu du rôle de la visualisation dans mon travail, l’exercice de l’audiodescription a été un réel défi. Je travaille habituellement en employant, dans mon argumentaire, autant le texte que les visuels. J’aime également truffer mes écrits d’hyperliens et de références. Pour citer le premier principe du manifeste de Bruce Mau « To design for all the senses: start with a blindfold » (Mau 2018, 21). Pour donner accès à l’ensemble de la recherche-création de façon inclusive envers les personnes aveugles ou malvoyantes, j’ai donc épuré la rédaction de mon usage habituel de paratexte et, à la place, étoffé le contenu de descriptions riches.
Le texte est pensé comme un récit de voyage en recherche-création, pour inclure la description du travail conceptuel, visuel, sensoriel, manuel, collaboratif et invisible. Par travail invisible, je fais référence, par exemple, aux tâches ingrates de recherches (vaines) de fournisseurs éthiques ou au labeur méticuleux de réaligner de chaque petit anneau en métal. C’est d’ailleurs grâce aux nombreuses conversations qui ont eu lieu durant la (dé-)monstration que j’ai réussi à cerner plusieurs enjeux au cœur de la Célébration de données molles qu’il était nécessaire de préciser. L’audiodescription répond ainsi à plusieurs questions et réflexions soulevées par le jury, tout en étant dans la continuité du projet de recherche-création et de sa documentation.